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Mon histoire commence lors d'un voyage au Canada, en 2015, sur l'île de Gabriola dans la région de Vancouver. Je suis partie vivre un an dans une famille d’accueil en tant que fille au pair pour apprendre l'anglais et visiter le pays. Quand on vit sur une île de 57 km² à l'âge de 22 ans, il n'y a pas grand chose à faire pour s’occuper. J'ai donc cherché des activités à faire pendant mon temps libre. C'est là, que j'ai fait une rencontre qui a changé ma vie. J'ai rencontré Graham, potier sur l'île depuis plus de 30 ans. Je lui demande s'il veut bien me donner un cours de tournage. Plein de bonté et de gentillesse, il me montre et m'explique. D'origine Australienne et moi qui débutais en anglais, je ne comprenais absolument rien de ce qu'il me racontait. Je me concentre donc sur ses gestes, la position de ses mains, la délicatesse de ses doigts sur la terre. Il me cède la place et me laisse seule devant le tour et 5 boules de terre alors qu'il part travailler.

Je m'éclate. Je teste. J'expérimente. Le contact de la terre sous mes doigts me remplit de joie, m'apaise et me transforme sans m'en rendre compte vraiment. Après 3 heures, Graham revient me voir. J'avais tourné maladroitement 5 pots, tous différents les uns des autres. Il regarde mes pots, stupéfait, et me dit : "Tu es douée ! Reviens demain !"

A partir de ce jour, Graham m'a transmis ses connaissances deux fois par semaine, pendant 10 mois. Il a fait naître en moi une passion insoupçonnée. Alors que je voulais juste essayer une fois, par curiosité, je n'ai plus jamais quitté le monde de la poterie. Par pure générosité, Graham m'a appris son métier, ses différentes techniques de tournage, de tournassage, d'émaillage, de cuisson, ... sans jamais rien demander en retour. Son tour électrique, son vieux tour à pied, son four à bois, sa terre, son atelier et surtout, sa présence et sa bienveillance ont été mon havre de paix dans ma vie quotidienne sur l'île.

Prise d'un folle envie d'en faire mon métier, je décide de me former à la céramique à mon retour en Belgique. Le jour de mon départ, Graham m'offre un cadeau d'au revoir : mes premiers outils, faits par ses propres mains. Un cadeau symbolique qui m'a émue aux larmes. Il croyait déjà en moi et en mon talent plus que n'importe qui et, à travers ce cadeau, il m'encourageait à continuer. Ces outils font toujours partie de mon quotidien aujourd'hui, je les utilise dans mon travail et ne m'en séparerai jamais. Parmi ces outils, Graham a crée mon poinçon personnel, que j'ai utilisé comme signature sur toutes mes créations : une feuille d'érable avec mes initiales à l'intérieur. Un clin d’œil pour me rappeler chaque jour où est née cette aventure.

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De retour en Belgique, je me forme à l'école des Métiers d'Art du Hainaut, à Mons, en section céramique pendant 1 an et demi. Je me perfectionne au tournage et j'y apprends également le modelage, la confection de moules en plâtre et les techniques d'émaillage. L'idée d'en faire mon métier se confirme au fur et à mesure de mon apprentissage. Pendant ce temps, je trouve un travail en tant que vendeuse dans un magasin de sport et, pendant presque 2 ans, j'économise pour pouvoir m'acheter un tour et un four.

En aout 2019, je quitte mon travail et m'installe dans ma buanderie, un espace de 12 m² où j'y place mon tout nouveau four et mon tour. J'aimerais vraiment me lancer en tant qu'indépendante mais la peur de me lancer seule du jour au lendemain me retient. Je découvre Avomarc : une couveuse d'entreprise qui aide les jeunes entrepreneurs à développer leur activité sans risques pendant les 2 premières années. Je fonce et m'inscris ! Je fais la connaissance d'Odile, mon accompagnatrice, et découvre une belle personne, toujours présente pour me pousser dans mes retranchements, de bons conseils et d'une gentillesse incroyable.

Depuis le 1er octobre 2021, je suis officiellement indépendante en tant que Céramiste Potière. Mon rêve s'est réalisé. Je vis pleinement de ma passion et je ne peux que remercier toutes les personnes qui se sont mises sur ma route pour m'aider à réaliser ce rêve fou. Graham, la première personne a avoir décelé mon talent ; les professeurs des métiers d'art, qui m'ont permis d'en apprendre toujours plus sur la céramique ; mon compagnon de l’époque, François, qui a cru en moi et m’a soutenu inconditionnellement, et qui a sacrifié notre buanderie pour pouvoir en faire mon atelier, un espace de création, boueux et poussiéreux ; Odile, qui m'a accompagnée sans relâche dans la création de mon entreprise. Merci. Merci mille fois !

En 2024, après une séparation et un déménagement, j’ai installé mon atelier à Mons où je donne des cours particuliers de tournage. Je suis également devenue professeure de tournage à l’école des Métiers d’Art du Hainaut où j’étais moi-même étudiante. Enseigner le tournage est vraiment devenu ma spécialité et quelle joie de voir l’évolution de mes élèves à chaque cours qu’ils prennent avec moi ! C’est magique !

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